Cru, un peu, beaucoup, à la folie ?

La mouvance crudivore connaît depuis quelques années un engouement sans précédent. Si ce succès semble répondre à une aspiration essentielle d’accéder au non dénaturé, il me paraît important d’apporter quelques nuances.
Lors de ma formation de Naturopathe, j’ai appris que notre alimentation devait être quasi exclusivement crue car la cuisson détruisait les principes vitaux des aliments (vitamines, minéraux, enzymes…). Ce sont ces arguments qui sont repris par les crudivores/frugivores aujourd’hui.

Ces recommandations surfent aussi sur la vague du retour au naturel car il est évident qu’une prise de conscience se fait aujourd’hui quant aux produits industriels et transformés. Incontestablement, une alimentation crue permet une diminution drastique de la charge toxique (le sucre, le sel, les additifs…) et un apport accru en vitamines et minéraux.

MAIS il est important aussi de redonner l’intérêt de la cuisson :

Les céréales et les légumineuses ne deviennent digestes que grâce à la cuisson. De même,pour la viande, le poisson, les oeufs : notre capacité à extraire les acides aminés et les calories de ces aliments vient de leur cuisson. Les temps de digestion sont bien plus rapides. Sans oubliez les tubercules (pommes de terre, patate douce…) qui participent eux aussi à une alimentation variée et qui se consomment cuits.

D’un point de vue nutritionnel,  si votre alimentation est exclusivement crue, elle est alors très chargée en cellulose (fibres insolubles) qui peut certes améliorer votre transit mais demande une grande énergie pour être métabolisée. De même les jus au long cours ne peuvent être recommandés parce que la mastication est essentielle à notre évolution (nous avons dépassé le premier âge des purées et liquides).

Il est incontestable que les légumes ou fruits crus permettent d’assimiler un maximum de micro-nutriments (enzymes, minéraux, vitamines) alors que la cuisson va permettre une meilleure assimilation des macro-nutriments (lipides, glucides, protéines). Il est donc important de rester dans un juste équilibre entre ces deux alternatives  et surtout de trouver sa zone de confort car là aussi, pour chaque personne cela peut être différent.

Un dernier point : les saisons. En effet, je préconise toujours de faire chauffer ces aliments au moins l’automne et l’hiver, car notre feu digestif peine à abonder à sa tâche si tout ce qui lui arrive est froid et cru. En effet, si l’énergie consommée pour digérer est trop importante, vous vous retrouvez en frilosité excessive, sans parler d’un métabolisme qui tourne au ralenti faute d’énergie.

En conclusion, comme dans tout ce qui a trait à la santé (mais aussi à la vie en général), l’excès n’apporte rien de bon, la tempérance est un juste équilibre.

Anne-Marie DELORME

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